Une très belle carte animée réalisée par Histoire à la carte raconte en moins de 4 minutes l’essentiel du voyage de Magellan.

Ferdinand de Magellan motivé par une forte ambition personnelle a réussi à convaincre les Espagnols de lui confier une flotte pour tenter d’accéder à ces fameuses épices qui, après le sucre produit par les esclaves, faisaient la fortune du Portugal.

Il avait d’abord proposé au roi du Portugal de lui confier le commandement de cette expédition qui avait pour ambition de contourner l’Amérique comme il avait été possible de contourner l’Afrique.

Cette démarche de Magellan était d’autant plus curieuse que le traité de Tordesillas signé par le Portugal en 1494, ce qu’il ne pouvait ignorer, réservait cette partie du globe à l’Espagne.

De plus, Manuel II n’avait aucune raison de financer un tel voyage, ses navires ayant déjà accès à ces îles en faisant le tour de l’Afrique.

Suite à ce refus Magellan se rendit à Séville où il avait quelques contacts.

Les Espagnols rageaient de voir les Portugais remplir leurs coffres en faisant le tour de l’Afrique. Le tour de l’Amérique était la seule perspective à leur portée pour prendre une part de ce marché.

A cette époque la réputation des Portugais en matière de navigation n’était plus à faire. Malgré cela la proposition de Magellan a été reçue dans un climat de suspicion. Ce Portugais n’est-il pas envoyé par le Portugal pour mener les Espagnols dans une impasse histoire de garder durant encore quelques années la quasi exclusivité du très lucratif commerce des épices ?

Les Espagnols avaient déjà financé en 1516 une expédition menée par Juan de Solis. Elle descendit le long des côtes sud-américaines jusqu’au Rio de la Plata où des Indiens l’attaquèrent. Juan de Solis y laissa la vie. Les rescapés durent se résoudre à rentrer en Espagne.

Ce Portugais aurait-il connaissance d’un passage ?
C’est ce qu’il affirmait.
Seuls les Portugais et les Espagnols pouvaient disposer d’informations sur les routes maritimes.
Les Portugais ayant plusieurs longueurs d’avance en ce domaine, les Espagnols ne possédant pas d’informations sur ce contournement de l’Amérique, seul un Portugais semblait en mesure de conduire une telle expédition jusqu’à ces tant désirées îles aux épices et permettre ainsi d’encaisser les énormes revenus que procurait leur commerce.

Magellan mentait bien entendu. Il ne connaissait pas de passage au sud de l’Amérique. Il n’était même pas sûr qu’il y en eût un. Ni lui, ni qui que ce soit d’autre, n’avait cette information. Personne n’avait navigué au sud du rio de la Plata. Magellan supposait simplement que, comme il avait été possible le tour de l’Afrique, il devait être possible de faire celui de l’Amérique.

D’un côté l’ambition quasi désespérée d’un obscur militaire Portugais cherchant désespérément à jouer dans la cour des grands, de l’autre les conseillers d’un jeune empereur verts de rage de voir les caisses royales écartées de cette source de richesse sans oublier des investisseurs vénitiens et génois à l’affût des opportunités océanes depuis que la chute de Constantinople avait provoqué une chute de leurs revenus.
Et si Magellan disait vrai ? Juan de Solis avait échoué. Beaucoup d’argent perdu. Si on n’accepte pas la proposition de Magellan, que faire ? En monter une sans lui ? Il semble sûr de son fait. Les Portugais ont beaucoup plus d’informations que n’importe qui en matière de navigation.

Charles Quint, âgé de 18 ans, avait pour conseiller l’archevêque de Burgos, Juan de Fonseca qui avait déjà investi dans la tentative de Christophe Colomb en 1492. Il se méfiait de Magellan comme tous les Espagnols, mais quelle autre alternative après l’échec de l’expédition de Juan de Solis 2 ans plus tôt ?
De Fonseca n’eût pas de mal à convaincre Charles Quint mais il prit quelques précautions en adjoignant à Magellan, en tant qu’intendant général garant des intérêts de la Couronne, un de ses fils naturels, Juan de Cartagena, qui obtint le commandement du San Antonio, le plus gros navire de la flotte. Pour bien verrouiller l’affaire il fit nommer des capitaines espagnols sur les 3 autres navires. Magellan était très encadré.

Ces nominations se firent dans un climat de défiance qui ne cessa jamais jusqu’à s’achever logiquement en une mutinerie menée par Juan de Cartagena dans la sinistre baie de San Julian le 1er avril 1520, quasiment 7 mois après le départ de l’Espagne.
Magellan dont l’expérience au combat était grande parvint à mater cette mutinerie. Juan de Cartagena fût abandonné sur le rivage de cette baie hostile lorsque la flotte quitta la baie 4 mois plus tard.
Gaspar de Quesada, capitaine de la Concepcion, fût décapité et écartelé.
Luis de Mendoza, capitaine de la Victoria, fut poignardé à mort lors de la mutinerie par un maître d’armes resté fidèle à Magellan, Gomez de Espinosa.
Son corps, tout comme celui de Gaspar de Quesada, fut démembré et planté sur des pieux sur la plage. Quant au 4ème capitaine espagnol, Juan Serrano, il resta fidèle à Magellan.

Après avoir vaincu la rébellion, grâce à une très grande détermination et une non moins grande force de caractère, Magellan parvint à mener les 3 bateaux composant alors la flotte [le Santiago avait fait naufrage au sud de San Julian et le San Antonio avait déserté dans le détroit qui portera le nom de Magellan] jusqu’aux îles portant aujourd’hui le nom de Philippines.

C’est là, alors qu’il avait touché au but après avoir vaincu mille difficultés, qu’il alla à la rencontre de son funeste destin.

Le fait qu’il ait atteint son objectif, ce qui le rendait richissime, lui donna certainement un sentiment de toute-puissance. Il avait vaincu. Il avait accompli l’infaisable. Envers et contre tout et surtout contre tous. Il ne pouvait rien lui arriver de fâcheux.

Aveuglé par son succès, sûr de son invincibilité, il ne trouva rien de mieux à faire que de défier un roitelet local qu’il attaqua dans des conditions dignes d’un amateur pas éclairé, lui qui avait une si grande expérience du combat.

Tout Magellan qu’il était, il suffit d’une flèche pour le mettre à genoux dans la lagune où il s’était imprudemment aventuré. Quelques lances abrégèrent son agonie.

Ainsi se termina la vie de ce grand marin, de ce capitaine intraitable, ce qui n’a pas été sans conséquences sur la suite de l’expédition.