04/10/2020

Bonjour,
Monter un projet c’est prendre le chemin de l’incertitude.
Vais-je parvenir à le rendre concret ?
Et s’il voit le jour, vais-je être à la hauteur ?
Depuis 3 ans je parle, et je parle et je parle.
J’ai d’abord parlé pour tenter de convaincre les uns et les autres de me suivre dans mon projet de traversée à la dérive de l’océan Atlantique des Canaries aux Antilles, sur un voilier sous lequel serait suspendu entre 5 et 10 mètres de profondeur, un container ouvert de 6 mètres de long.
L’idée était d’observer le développement de la vie dans et autour de ce container durant les environ 3 mois de traversée, poussés uniquement par la force du vent, des vagues et de la houle sur la coque du voilier.
On traversait l’océan à la dérive à reculons en remorquant notre container immergé.
Se déplacer sans bruit parasite à 2/3 km/heure en eaux chaudes aurait attiré tout ce qui vit dans l’océan.
Nous aurions créé un support de vie.
Je ne suis pas parvenu à monter ce projet.
Dans ces cas là on ne peut s’en prendre qu’à soi-même.
Déçu et frustré, je me suis plongé dans la lecture et me suis retrouvé avec le “Magellan” de Stefan Sweig.
J’ai pris conscience qu’entre Magellan, Vasco de Gama, Amerigo Vespucci, je ne savais pas vraiment qui avait fait quoi et dans quel ordre.
Je me suis plongé dans la littérature.
Au bout d’un moment, je me suis dit : en 2022, cela fera 500 ans qu’un des bateaux de l’expédition de Magellan bouclait le premier tour du monde à la voile dans l’histoire de l’humanité.
Et c’est reparti.
Histoire d’essayer de ne pas rester sur un échec,
histoire aussi de tenter aussi de servir à quelque chose,
histoire de ne pas rester assis à ne rien faire alors que je me sens encore en capacité d’agir,
histoire d’essayer de transmettre à quelques uns,
histoire de…histoire de…histoire de… me voilà en ce 4 octobre attendant une fenêtre météo pour quitter la Bretagne sur un brave petit voilier de 8m20 baptisé Juan Elcano du nom du premier capitaine à avoir accompli un tour du monde, ce qui n’était pas du tout son objectif initial.
Maintenant que j’ai réussi à être au départ, vais-je être à la hauteur ?
En Bretagne comme ailleurs, nous avons des phrases que l’on peut qualifier de définitives.
Pour les marins il y en a une, radicale :
Entre le dire et le faire, il y a la mer.
Et si je me vautrais au bout d’un jour de navigation, et si… et si… le doute.
La peur de n’avoir fait que parler et parler encore.
Cela fait 3 ans que je parle.
Si je n’avais pas déjà monté des projets et réalisé des traversées, je pourrai me dire que je ne suis bon qu’à parler.
Calme toi Joseph.
Vendredi ça a l’air d’être bon au niveau météo durant les 3 ou 4 jours qu’il me faut pour traverser le golfe.
Donc à vendredi sur l’eau.
On croise les doigts.
La prochaine newsletter devrait être écrite du bateau.
Si Dios quiere…