03/06/2021
Voilà. On y est. La mer est descendue. Il semblerait qu’elle ait décidé de ne pas remonter.
Me voilà échoué à marée basse.
C’est sans doute mieux que d’être échoué à marée haute avec une mer qui se déciderait à ne pas descendre.
No panic. La vie continue.
La Guyane est une terre qui ne me réussit pas.
En 2006 j’ai voulu la rejoindre à la rame en partant de St-Louis au Sénégal.
De pernicieux courants m’ont plaqué à l’entrée de l’embouchure de l’Amazone.
A toute chose, malheur est bon. J’ai eu le privilège d’être pris en remorque par le bateau-balai skippé par Jean-Yves Terlain, ce qui m’a permis de passer 2 jours à son bord et de parler avec lui de la transat en solitaire de 1972, Plymouth – Newport, où à bord de Vendredi 13, magnifique 3 mâts de 39m de long, il croise dans l’Atlantique Alain Colas, à bord du trimaran Pen Duick IV qu’il avait racheté à l’immense Tabarly.
Alain Colas finit premier, Jean-Yves Terlain second.
Jean-Yves conclut qu’il faut un multicoque pour gagner cette transat et Alain Colas qu’il faut un grand monocoque.
4 ans plus tard, lors de la mythique édition 1976, Jean-Yves est sur British Oxygen, un catamaran de 21 mètres qui se disloquera dans l’Atlantique, et Alain Colas sur le 4 mâts Club Méditerranée, 72 mètres de long, avec lequel il finira péniblement second derrière Monsieur Tabarly sur Pen Duick VI.
Ce placage amazonien s’il m’a fait ne pas terminer la course, m’a permis de passer un moment privilégié avec un grand navigateur. Comme quoi…
Cette année, ce sont un amoncellement de micro-situations qui ont fait que je n’ai pas pu doubler la pointe du Brésil et, rupture de mon gréement aidant, m’ont amené dans ces redoutées eaux guyanaises.
La situation liée au Covid, qui a tant duré et dure encore, tant au Brésil, en Argentine, au Chili, que partout ailleurs quasiment, fait que, il faut bien l’admettre, mon voyage n’a plus de sens.
Si j’essayais de me convaincre qu’il en ait encore un, il y a une quasi-impossibilité de planifier quoi que ce soit.
Donc, fin des courses. Adieu Ferdinand, Juan, Enrique, et leurs compagnons d’infortune.
Juan Elcano est à Saint-Laurent du Maroni et a été mis en vente là-bas.
Je suis en Bretagne me demandant quelle direction prendre.
De quoi sera fait demain ?
Nul ne le sait.
Si à tout âge on peut avoir des regrets, aujourd’hui j’en ai un.
J’ai vu aux infos qu’un porte-container avait très gravement pollué les côtes du Sri Lanka.
J’ai travaillé durant 4 ans sur les convention FIPOL qui indemnisent les victimes des marées noires.
Des résultats concrets ont été obtenus à la suite des marées noires de l’Erika et du Prestige.
Grâce à la mobilisation des opinions publiques et à la détermination de la commissaire européenne aux transports, l’espagnole Loyola de Palacio et de son directeur de cabinet le français François Lamoureux, les fonds disponibles pour les victimes ont été multipliés par quasiment 5, ce que la plupart des gens ignorent aujourd’hui en Bretagne.
Cela s’est passé entre les années 2000 et 2003, déjà de l’histoire ancienne.
Aujourd’hui, 18 ans plus tard, je me dis que si les uns et les autres nous nous étions mobilisés pour qu’un fonds, sur le modèle du FIPOL, soit créé pour faire face aux accidents maritimes quel que soit le type de navires qui les provoquent, 18 ans plus tard, on ne serait peut-être pas loin d’aboutir et les Sri Lankais auraient eu une chance d’être indemnisés.
Il suffirait d’une taxe d’une vingtaine de centimes d’euro par mille parcouru par les 80 000 navires de commerce qui sillonnent la planète pour constituer un fonds de plus d’un milliard d’euros en moins de 2 ans.
Tellement de choses seraient possibles à mettre en place pour le bien de tous…
Comme toujours il faut et il suffit qu’un Homme se lève comme Loyola de Palacio et François Lamoureux se sont levés…
Ainsi va la vie…
Jo