L’attente
Attendre que la météo veuille bien me laisser partir.
Le bateau est prêt (presque).
C’est Bagdad dans le Golfe de Gascogne.
Un site animé et coloré pour voir ce qui va se passer au niveau météo dans les prochains jours : Windy
En début de semaine j’ai cru pouvoir partir demain, dimanche 27, mais la fenêtre météo s’est refermée.
Le problème quand on se trouve en Bretagne et que l’on veut descendre le long du Portugal pour atteindre des cieux supposés cléments est qu’il faut traverser le Golfe de Gascogne.
Avec mon bateau il me faut entre 3 et 4 jours.
Demain dimanche le temps sera frais mais correct à la pointe de la Bretagne.
Mais si je pars demain je vais me faire cueillir par du vent fort et de face avant d’arriver en Espagne.
Vous pouvez me dire que faire face à des vents forts et de face fait partie de la navigation.
C’est vrai, j’en sais quelque chose.
Mais je pars pour un long voyage avec un bon petit bateau.
Tout voyageur a en tête le conseil de Racine : Qui veut voyager loin ménage sa monture.
Donc je ménage.
Windy me laisse entrevoir un départ dimanche 4 ou lundi 5.
Espérons qu’il ne changera pas d’avis d’ici là.
Partant pour essayer de refaire le parcours de Magellan m’amène à penser à lui bien entendu.
Les 5 navires de son expédition ont quitté Séville de 10 août, pour arriver à l’embouchure du Guadalquivir 2 jours plus tard.
Ils y sont restés 40 jours avant de pouvoir partir vers les Canaries le 20 septembre.
Que se passait-il dans la tête de Magellan durant ces 40 jours ?
Depuis déjà un bon moment il était au pied du mur n’ignorant pas qu’il avait menti à tout le monde, d’abord et avant tout au roi d’Espagne.
Il prétendait connaître un passage pour aller à ces fameuses îles aux épices, les Indes, en faisant le tour du nouveau continent découvert par Colomb, l’Amérique.
Il n’en savait rien.
Pourquoi les Espagnols ont cru ce Portugais taciturne, pas du tout le genre bonimenteur ?
Pour une bonne raison : l’appât du gain.
Ils enrageaient de voir le Portugal crouler sous l’or et l’argent en allant jusqu’aux Indes en contournant l’Afrique.
Route qui leur était interdite à la suite d’un traité qu’ils avaient eu la malencontreuse idée de signer en 1494 suite à la découverte de l’Amérique par Christophe Colomb 2 ans plus tôt.
Marché de dupes. Ca s’appelle se tirer une balle dans le pied.
Ils avaient déjà tenté de trouver un passage au sud de l’Amérique en envoyant une expédition en 1516 descendre le long du Brésil.
Hélas ! Le commandant de l’expédition s’était fait tuer avec une dizaine de ses matelots au fond du rio de la Plata.
Le reste de la flotte avait fait demi-tour vite fait.
Et voilà que dans ce contexte, ce bougon de Magellan arrive à Séville en disant : “J’ai des informations”.
Les Portugais étaient les rois des mers à l’époque.
Ils étaient les seuls à détenir des informations sur un grand nombre de routes maritimes.
Et ce Magellan, n’a-t-il pas fait campagne aux Indes, n’est-il pas allé à Malacca, étape ultime avant les îles aux épices ?
Certains objectèrent qu’il s’était fait jeter [pardon pour le langage mais ça s’est passé comme cela] par Manuel 1er roi du Portugal lorsqu’il aborda la question de son projet.
Tout à fait logique rétorquèrent d’autres, les Portugais ont déjà accès aux épices en faisant le tour de l’Afrique, pourquoi prendre des risques inconsidérés pour obtenir ce qu’ils ont déjà ?
Ces derniers surent trouver les arguments pour convaincre le jeune Charles Quint.
Bingo !
Cet obscur portugais va jaillir en pleine lumière et tel que c’est parti…pour l’éternité.
Tout ça bâti sur un mensonge.
Chaud l’affaire.
Voilà ce que je voulais vous dire en ce 26 septembre 2020.
Je ne pars pas pour faire fortune, mais pour modestement mettre mon étrave dans le sillage de ces marins qui naviguaient dans des conditions épouvantables à la merci de toutes les maladies, du terrible scorbut entre autres.
242 marins participèrent à l’expédition dont un gamin de 7 ans.
91 revinrent en Espagne (pas le gamin abandonné à Brunei à 9 ans).
– 1 quitta l’expédition lors de la première escale aux Canaries,
– 55 eurent la vie sauve parce qu’ils avaient fait demi-tour dans le détroit pas encore dit de Magellan abandonnant le reste de l’expédition.
– 35 d’entre eux firent le tour du monde.
Y parviendrai-je ? Je ne sais pas.
Mais si tout cela vous intéresse, n’hésitez pas à adhérer à Sillages, l’association porteuse de ce projet dans lequel il n’y a pas une goutte de pub, que de l’eau de mer.
Bon vent à toutes et à tous.
Jo Le Guen