27 septembre 2021
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Pour vous écrire mon dernier post où je vous parlais de ma rencontre avec De Kersauzon dans l’Atlantique, j’ai recherché dans mon journal de bord la date exacte de ce moment magique.
En l’occurrence il s’agissait du 12 juillet 1995.
Samedi dernier je suis allé au cinéma voir « La Voix d’Aïda » film qui parle du massacre de Srebrenica au cours duquel 8372 hommes et adolescents bosniaques furent froidement exécutés par les hommes du général serbe Ratko Mladic qui depuis a été condamné à perpétuité pour l’ensemble de son œuvre par le tribunal international de La Haye.
Les forfaits de ce général ne devaient pas faire l’unanimité au sein de sa famille. Une de ses filles âgée de 23 ans s’est suicidée avec l’arme de service de son père.
Durant la projection, je me rendis compte que ce massacre avait eu lieu du 11 au 16 juillet 1995.
Le 12, je ramais dans la boucaille au sud de Terre-Neuve, occupé et préoccupé par ma traversée, pensant sans doute qu’il n’y avait que la mer, le vent et les pétrels fulmar.
Au même moment, en Bosnie un type apparemment normalement constitué, mettait en œuvre son plan dément : passer par les armes 8372 civils bosniaques.
Chacun n’ignore pas qu’à chaque instant des humains sont assassinés, torturés, violés.
Ce n’est pas une surprise, mais de mettre en parallèle ma journée de rame en ce 12 juillet 1995 et ce massacre planifié au même moment, m’a quelque peu perturbé.
Il faut être sacrément organisé pour tuer 8372 personnes en 5 jours.
Prévoir les pelleteuses pour creuser la ou les fosses communes.
Achever les agonisants, récupérer les corps, les balancer dans une fosse, refermer les fosses.
L’homme est un loup pour l’homme depuis la nuit des temps et jusqu’à fatigué comme on dit en Afrique.
Pas d’espoir que ça change.
Ces jours-ci des avions et des hélicoptères serbes ont survolé la frontière Serbie/Kosovo.
Le motif : puisque la Serbie, qui ne reconnaît pas l’indépendance du Kosovo [une de ses anciennes provinces] et par voie de conséquence n’accepte pas sur son territoire des voitures immatriculées au Kosovo, les Kosovars ont décidé d’obliger les véhicules immatriculés en Serbie à apposer une plaque kosovar provisoire pour pouvoir entrer au Kosovo.
Sinon elles n’entrent pas.
Une importante communauté serbe, chrétienne orthodoxe, vit au nord du Kosovo, majoritairement musulman.
Leurs voitures sont immatriculées en Serbie of course.
26 ans après Srebrenica, rien n’est vraiment réglé dans la vraie vie.