Bord de près

24 septembre 1995.
J’arrive à Molène après avoir traversé l’Atlantique à la rame pour les Sauveteurs en Mer. Il fait un temps magnifique. Soleil, mer plate, vent léger. Des canots de sauvetage m’entourent. Journée inoubliable. Dans la rade de Molène, sur une vedette j’aperçois Yves Pajot. J’ai eu la chance de naviguer avec lui, souvent en tant que navigateur sur des monocoques. Nous allions courir avec et contre les Anglais sur la côte sud de l’Angleterre. “Yves, salut, merci d’être là, tu sais à quoi j’ai pensé hier ?”.

Il ne pouvait pas le savoir bien entendu. La réponse fuse : “Au bord de près à Poole sur Dugenou !”.
C’était la pure vérité. La veille de mon arrivée à Molène après une traversée de l’Atlantique à la rame, j’ai pensé à ce mythique bord de près. Mythique pour les gens qui y étaient of course.

Cela s’est passé lors de la two-ton cup à Poole en 1980. Nous étions sur Dugenou, un plan Joubert-Nivelt de 42 pieds.

Dugenou appartenant à 6 co-propriétaires, il y eut débat sur le choix du nom. Le pape Jean-Paul 1er venait de mourir après un éphémère règne de 33 jours. L’idée germa d’appeler le fier destrier “Jean-Paul II” mais Carol Woytilla nous dama le pion. Point de fumée blanche dans le chantier de construction jusqu’à ce que quelqu’un, désespérant d’obtenir un accord sur un nom, balança : “Et pourquoi pas Dugenou ?”.




La course moyenne d’une durée de 24 heures environ nous amenait virer une bouée devant Exmouth puis retour à Poole après avoir viré une dernière bouée en face de l’île de Wight.

Une vingtaine de minutes de retard sur Gitana VII, un plan Frers de 43 pieds, favori de la course, mené par les intrépides Rochelais dont Pallu de la Barrière.

Je réussis un joli coup de nav en entrant dans la baie de xxxx ce qui nous permit d’abord d’avoir moins de courant contre nous ensuite de bénéficier plus rapidement de la renverse.